La fontaine de Barenton
Les légendes de Barenton à travers les âges.
Barenton en Brocéliande
S’il y a un site qui légitimise la localisation de Brocéliande en forêt de Paimpont, c’est bien la Fontaine de Barenton. Préservée au fil des siècles, elle a traversé les âges avec une rare authenticité. Ouvrages littéraires du 12e siècle et charte seigneuriale du 15e siècle témoignent avec éloquence de sa présence en ce lieu. Le Roman de Rou, rédigé par Robert Wace au 12e siècle, décrit pour la première fois cette fontaine bouillonnante et ses merveilles. Déjà y figure le rituel de l’eau versée sur son perron pour faire tomber une pluie providentielle et éviter la sécheresse. Dans le sillage de ce premier ouvrage, Chrétien de Troyes écrit le « Chevalier au Lion » dont l’épicentre est la fontaine enchantée de la forêt de Brocéliande. à un moment de ce récit, le chevalier Calogrenant entend parler en ces termes de ladite fontaine : « Tu verras la fontaine qui bout, et qui est pourtant plus froide que du marbre ». Le mythe est à ce point ancré que Guy XIV de Laval fait inscrire en 1467 dans la « Charte des Usemens et coustumes de la forest de Brécilien » son privilège exclusif de pratiquer ce rituel contre la canicule.
Les eaux Bouillonnantes
Fontaine sacrée, prophétique, curative, propitiatoire…, Barenton est aussi, selon d’anciennes traditions bretonnes, la résidence des fées qui peuvent se métamorphoser en bulles inspiratrices et donner le pouvoir du verbe. Les Celtes, par l’intermédiaire du dieu Borvo lié au culte des eaux bouillonnantes, vénéraient ces fontaines dont ils pensaient qu’elles étaient habitées par des êtres d’un autre monde. à Barenton, on venait chercher autrefois des pouvoirs magiques et de bons présages auprès des fées qui commandaient aux éléments et aux évènements. Dans un passé plus proche, comme le rapporte le folkloriste Paul Sébillot au 19e siècle, les jeunes filles déposaient à la surface de l’eau une épingle en disant : « Ris, ris, fontaine de Barenton, je vais te donner une belle épingle ». Si les bulles apparaissaient, c’était le signe d’un proche mariage. à la pleine lune, les jeunes hommes pouvaient y voir le reflet de leurs promises…
La Fontaine tempestiaire
Comme d’autres fontaines bouillonnantes à travers le monde, Barenton est dans la mythologie une fontaine tempestiaire, c’est-à-dire une fontaine qui peut provoquer la tempête, pour peu que les êtres féeriques ou divins qui lui sont associés la déchaînent. Gardiens de l’équilibre du monde et maîtres du feu et de l’eau, du soleil et de la pluie, ils ont le pouvoir d’harmonisation. Sollicités par les hommes lors de rituels séculaires, fées ou dieux de Brocéliande peuvent déclencher un cataclysme qui rééquilibre le désordre de la nature. Après la tempête, la terre revit, féconde. Chrétien de Troyes formule ainsi cette renaissance : « Puis, quand Dieu eut ramené le beau temps, les oiseaux vinrent sur le pin et manifestèrent une joie merveilleuse sur la fontaine périlleuse ».
Textes Fontaine de Barenton, mobilier “Bannière” d’entrée de site (Daniel Kempa – Coridan)